Éclairage sur le rappel d'un ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire

Domaine jadis négligé par l’observatoire congolais, la diplomatie cristallise de plus en plus les regards de nombre de personnes. Il n’est que de juger le volume des publications informelles sur les réseaux sociaux par des journalistes attitrés, des influenceurs, des acteurs ou militants politiques et autres acteurs anonymes. Est-ce le résultat de l’évolution du monde à travers une actualité fournie et attractive ou, est-ce cette espèce de l’envers du succès ou la rançon du succès de la diplomatie congolaise, elle-même, conduite par le ministre GAKOSSO depuis dix ans ?  

1. Entre mauvaise interprétation et clameur publique : précisions dans le cas de la République du Congo
La diplomatie étant un domaine qui relève de la souveraineté et de l'autorité suprême d'un État, le Président de la République du Congo, Denis SASSOU N'GUESSO, en est le Patron et le Ministre des Affaires étrangères, Jean-Claude GAKOSSO, le metteur en scène. Autrement dit, ce dernier, considéré comme le Chef de la diplomatie congolaise, n'est que l'exécutant de la vision du Président de la République pour cette matière.

2. Le rappel d'un chef de mission diplomatique (Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire) 
Le rappel d'un chef de mission (CMD) ou ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, par exemple, relève exclusivement de la discrétion du Président de la République. En d'autres termes, il a le pouvoir exclusif de nommer un ambassadeur et/ou de le relever. Il pose cet acte à travers les « Lettres de rappel » qui ne sont ni rendues publiques ni transmises à l'ambassadeur rappelé. Car, elles sont destinées au Président de la République du pays accréditaire. A ces lettres sont associées les Lettres d'accréditation du nouvel/futur ambassadeur qui les transmettra lors de la cérémonie dite de présentation des Lettres de créance.Pendant ce temps, le Président de la République qui a décidé du rappel de son ambassadeur peut soit l'utiliser autrement ou le réaffecter (nommer) dans un autre pays. Pour ce qui est du rappel, le Ministre des Affaires étrangères (MAE) n’initie que la "note de notification". Voilà pourquoi, celle-ci, la note de notification, comporte la fameuse formule : "Sur instruction du Président de la République, je vous notifie la cessation de vos fonctions en qualité de.... auprès de..., et votre rappel définitif". Cette formule, signalons-le, relève de la codification diplomatique. Elle est « consacrée » et donc normale. Le rappel définitif n’exprime aucune agressivité comme on a pu le lire ici et là.

3. Contexte économique actuelLe contexte austère actuel de notre économie est certainement responsable du fonctionnement au ralenti de certaines administrations congolaises. Les représentations diplomatiques ne sont pas épargnées. Si les salaires du personnel de nos ambassades sont régulièrement payés au même moment que ceux des fonctionnaires congolais, il n'en demeure pas moins que les difficultés persistantes demeurent au niveau du payement des loyers pour des représentations n'ayant pas leurs propres locaux faute de crédits de fonctionnement inhérents aux difficultés de trésorerie. S’agissant des salaires des diplomates qui sont à l’étranger, il faut signaler qu’étant fonctionnaires, leurs salaires sont virés au même moment que ceux en poste au pays. Cependant, il y a des retards dus au processus de transfert vers leurs comptes domiciliés dans certaines banques des pays où ils évoluent. Ce processus passe par la banque centrale et les personnes avisées savent ce qu’il en est. En conclusion, le Ministère des affaires étrangères a un fonctionnement assez spécial tant dans les titres, grades ou fonctions des agents qui y évoluent que dans le mode de nomination et d’affectations. Toutes choses qui échappent au commun des mortels et poussent les non sachant à diverses interrogations, assorties de fâcheuses incompréhensions. 

Par Brinel LIWATA, Journaliste et diplômé en relations internationales.